ASTRIG SIRANOSSIAN ET NATHANAËL GOUIN
SAMEDI 9 NOVEMBRE
PALAIS DU PHARO
Igor Stravinsky (1882-1971)
Suite Italienne (1922)
Introduzione
Serenata
Aria
Tarantella
Minuetto - Finale
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Sonate pour violoncelle et piano n°5 en Ré Majeur, op. 102 n°2 (1815)
Allegro con brio
Adagio con molto sentimento d'affetto — attaca
Allegro — Allegro fugato
Sergueï Rachmaninov (1873-1943)
Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur op. 19 (1901)
Lento – Allegro moderato
Allegro scherzando
Andante
Allegro mosso
La violoncelliste Astrig Siranossian et le pianiste Nathanaël Gouin sont deux artistes au parcours impressionnant, unis par leur passion pour l'exploration du répertoire classique. Leurs collaborations sur scène sont toujours marquées par une complicité palpable et une capacité à faire dialoguer leurs instruments avec une sensibilité rare.
Pour débuter ce programme, les artistes ont choisis la Suite Italienne de Stravinsky qui rend un hommage vibrant à l’Italie baroque. Cette œuvre est inspirée par le ballet italien Pulcinella, lui-même basé sur des œuvres de compositeurs italiens du XVIIIe siècle, comme Pergolesi. Stravinsky réinvente les formes anciennes avec un langage moderne plein de fantaisie, jouant avec la tradition tout en y apportant une touche unique. L’Introduzione, pleine d’élan et de vivacité, plante le décor avec élégance. Suit la Serenata, délicate qui nous plonge dans une atmosphère rêveuse, presque intimiste, où le dialogue entre les instruments se fait doux et contemplatif. L’Aria offre un moment de lyrisme pur, où le violoncelle chante avec une expressivité saisissante, accompagné par un piano qui soutient chaque nuance. Le rythme s’accélère avec la Tarantella, une danse pleine de fougue et d’énergie contagieuse, typique de cette forme traditionnelle italienne. Stravinsky conclut cette suite avec majesté et pétillance, en jouant avec les contrastes et les variations pour créer une fin éclatante et pleine de vie. Bien que cette suite soit ancrée dans les traditions baroques, elle est empreinte du style moderne de Stravinsky, qui sait transformer les formes classiques en quelque chose de nouveau et surprenant.
La dernière sonate pour violoncelle et piano de Beethoven, une œuvre dédiée à la Comtesse Maria von Erdödy, son amie et mécène témoigne de la période tardive de Beethoven, durant laquelle il expérimente des formes plus libres. Le premier mouvement débute avec énergie et enthousiasme, mettant immédiatement en lumière l’équilibre parfait entre le violoncelle et le piano. L’Adagio révèle ensuite un dialogue intime et profond entre les deux instruments qui nous emmène sans interruption vers le final, où Beethoven fait preuve d’une maîtrise impressionnante de la fugue, réaffirmant son génie dans l’art du contrepoint. Cette sonate constitue un sommet du répertoire. Astrig Siranossian et Nathanaël Gouin, avec leur sensibilité et leur virtuosité en rendent toute la richesse.
La passionnée Sonate de Rachmaninov termine ce programme. Composée après une période de dépression pour le compositeur, elle est une véritable renaissance pour lui et cela se ressent dans la structure généreuse de l’œuvre. La sonate s’ouvre en douceur, avant d'exploser en une série de crescendos puissants. L’Allegro scherzando est vif, presque malicieux, tandis que l’Andante déploie une tendresse poignante, caractéristique des œuvres de Rachmaninov. Le dernier mouvement est une course effrénée, un véritable tour de force pour les interprètes, où la technique et l'émotion doivent coexister en harmonie.
Dans ce programme, le duo Siranossian-Gouin met en lumière sa maîtrise et son raffinement, insufflant une nouvelle vie à des œuvres qui naviguent entre Histoire et avant-garde. Dans leur dernier enregistrement Invisibles, paru chez Alpha Classics le 1er novembre dernier, ils ressortent de l’ombre des œuvres rares de Jean Cras, Marcelle Soulage et Pierre-Octave Ferroud que le temps avait rendu (provisoirement) invisibles.