Lucie Horsch et Justin Taylor nous convient à un voyage intitulé Les Goûts réünis, un hommage à l’idéal baroque d’unir les styles musicaux de différentes traditions européennes. Cette expression, popularisée au XVIIIe siècle par Couperin, reflète une quête d’harmonie où le raffinement de la musique française rencontre l’exubérance italienne, créant un dialogue entre les goûts pour former une esthétique nouvelle et universelle.

Le programme s’articule autour de la forme emblématique de la sonate, cœur du répertoire baroque et classique. Composée de plusieurs mouvements (souvent trois ou quatre), une sonate alterne tempi et caractères contrastés, comme des chapitres d’une même histoire. Chaque mouvement explore une émotion ou une ambiance particulière, contribuant à une narration musicale cohérente. Il est de tradition de ne pas applaudir entre les mouvements, afin de préserver l’intensité et la continuité du morceau. Les œuvres de Telemann, Boismortier et Bach présentes dans ce programme illustrent à merveille cette architecture, où vivacité, lyrisme et introspection se répondent avec une richesse expressive unique.

La Sonate TWV 41:C5 de Telemann ouvre ce programme avec une élégance lumineuse typique du style galant. Boismortier, dans sa Sonate op. 90 n°3, incarne l’art subtil et raffiné du baroque français, où chaque mouvement semble taillé pour séduire et émouvoir. Quant à Bach, sa Sonate BWV 1034, d’une profondeur remarquable, explore un large éventail d’émotions, du recueillement méditatif à l’élan dramatique, tout en mettant en valeur la richesse du dialogue entre la flûte et le continuo.

Le programme se distingue aussi par des œuvres qui prolongent l’idée des Goûts réünis. Le Quatrième Concert Royalde Couperin, véritable manifeste de cette esthétique, marie la virtuosité italienne à la finesse française dans un équilibre parfait. Rameau, dans Le Rappel des Oiseaux et la Suite en La, sublime les danses traditionnelles, transformant la musique de cour en joyaux descriptifs et virtuoses. La Sonate a Flauto solo de Fiorenza illustre l’exubérance napolitaine, où la flûte déploie une virtuosité audacieuse dans une écriture flamboyante.

Des incursions dans des styles plus récents enrichissent encore ce programme. Avec Syrinx, Debussy explore un univers impressionniste où la flûte incarne la poésie mythologique dans toute sa sensualité. The Actor with the Monkeyde Yun, fusionne les influences asiatiques et occidentales pour créer une œuvre méditative et contemporaine, apportant un contraste fascinant avec les œuvres baroques.

Enfin, le Concerto BWV 974 de Bach, inspiré du Concerto pour hautbois de Marcello, illustre la fascination de Bachpour la musique italienne. Dans cette transcription pour clavecin, il enrichit l’œuvre originale par une intensité harmonique et des ornements subtils. Le premier mouvement, Andante, doux et introspectif, résonne particulièrement sous les doigts de Justin Taylor, qui en révèle toute la profondeur émotionnelle.