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Juliette



Biographie

Rôdée à la chanson (du fait des connaissances professionnelles de son père, elle eut l’occasion d’être la sparring-partner de Robert Boulez), Juliette ambitionne de mettre en musique Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Si ce projet n’aboutit pas, l’inspiration qu’elle tire des vers du grand Charles la suit partout et constitue l’un de ses moteurs artistiques. Qu’elle soit accompagnée au piano ou à l’accordéon, Juliette chante les poètes, met George Sand, Frédéric Chopin ou Afred de Musset en vers pour leur rendre hommage en n’oubliant d’adjoindre une bonne touche de gauloiserie à ses textes. En 1985, Juliette participe au Printemps de Bourges nantie du qualificatif de « jeune talent ». Cette participation à l’un des festivals musicaux majeurs de l’Hexagone lui permet d’enregistrer son premier album, Juliette, un live tiré d’un récital au Théâtre des Mazades. Aujourd’hui disparue, cette cassette (qui n’a jamais été convertie au format CD) est devenu une perle de collectionneurs. Mais ce premier album n’est guère suivi de succès et la rondouillette chanteuse doit à nouveau arpenter les planches des cabarets et théâtres, affinant ses titres et ses compositions, se faisant un nom dans le milieu de la chanson un peu underground, multipliant les concerts confidentiels en Allemagne, en France et au Québec avant, enfin, d’intéresser une maison de disques, en l’occurrence, Polydor. C’est en 1991 que sort ¿Que Tal?, son premier album « officiel », dans lequel elle déploie une grande partie de ses compositions passées, comme « Le P’tit non », ou encore une étonnante reprise de « L’homme à la moto », titre qui fait connaître l’album. Irrésistible, en 1993 connaît davantage de succès que son premier album ; la chanteuse s’y montre plus « parigote » que jamais, rappelant les grandes heures de Saint-Germaindes-Prés et des cabarets de la Rive Gauche. « Monocle et col dur », « Les Lanciers du Bengale » ou « Monsieur Vénus » sont autant de chansons accompagnées au piano ou à l’accordéon qui fleurent un doux parfum de nostalgie et de pavé parisien. L’Académie Charles Cros, où siège par ailleurs Frédéric Dard, ne s’y trompe pas et en fait sa lauréate de l’année pour les qualités de son écriture. En 1995, Juliette Chante aux Halles, enregistré à l’Auditorium du Forum des Halles à Paris, est le deuxième live de sa carrière. Juliette y parle autant qu’elle chante, jouant à fond la carte de la complicité avec son public. Invoquant les mânes de Robert Desnos ou de Frédéric Lopez, dont elle interprète certains morceaux, la chanteuse y dévoile sa vraie tristesse cachée derrière une feinte jovialité, rappelant en cela l’esprit qui animait François Hadji-Lazaro lors de l’aventure Pigalle. Rimes Féminines l’année suivante, confirme le succès croissant de Juliette auprès d’un public amateur de chansons à textes qui évoquent pêle-mêle l’amour, la dépression, l’angoisse et l’épicurisme. Si le registre de la pétroleuse est aussi noir et rouge que celui d’une Damia de la grande époque, le ton, lui, se veut parfois plus badin et plus léger. Moins attirée par les ors de la République que par les cavistes de Montmartre, Juliette continue sur sa lancée comme si de rien n’était mais reste d’une exigence ferme en matière d’écriture. Pas question de relâchement ou de textes bâclés sur prétexte de notoriété. Assassins Sans Couteaux, en 1998 est un album à la fois poétique et politique, dans lequel on retrouve quelques influences piochées du côté de chez Bernard Dimey ou Boby Lapointe. « L’étoile rouge », « La Ballade d’Eole », « Francisco Alegre » ou « Le Prince des amphores » se situent clairement dans l’orbite tracée par les chansonniers du vieux Paris et l’on pourrait presque qualifier l’album d’authentique carte postale d’un Paris révolu ou voir surgir, au détour d’une chanson, la silhouette d’un Gavroche ou d’une Adèle Blanc-Sec. Des blancs secs sur lesquels Juliette ne crache pas, grande amatrice de vins devant l’Eternel. Cet album, l’un de ses plus populaires, lui vaut la reconnaissance d’un large public et, pour la première fois, Juliette se produit à l’Olympia devant un parterre nombreux. En 1997, une Victoire de la Musique comme révélation féminine de l’année, vient saluer le parcours d’une artiste hors du commun. En 2002, Le Festin de Juliette confirme le succès d’une artiste atypique. Sortie de l’ombre, la chanteuse est désormais une personnalité publique. Participant à quelques émissions, Juliette et son physique sont sollicités autant par la télévision que le cinéma. Apparaissant dans Carnages, de Delphine Gleize, Juliette enchaîne l’année suivante avec un petit rôle dans L’année de mes sept ans, d’Irène Jouannet. C’est en 2003 que Noureddine prend sous son aile une petite jeune à peine sortie de son émission de télé-réalité, Olivia Ruiz (future compagne de Mathias Malzieu, de Dionysos). Pour ce petit bout de femme chocolat, Juliette compose « J’aime pas l’amour » et « La Petite voleuse » avant de participer au spectacle Fantaisie héroïque et de sortir le concept-album Mutatis Mutandis (2005), bâti sur des morceaux dont les titres et les paroles s’inspirent de citations latines. Pour la première fois, la chanteuse plaque des rythmiques andalouses et latino-américaines sur ses compositions franchement germanopratines. En 2016, une nouvelle intégrale de quatorze disques fait son apparition et comprend le très rare concert Juliette Chante Aux Halles (1987), ainsi qu’un récital inédit donné au Grand Rex en 2005. En 2018, l’album J’Aime Pas la Chanson comprend notamment le morceau-titre et l’extrait « Météo marine ».



Photo ©WATGC

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