LE QUATUOR MODIGLIANI
20 ans, ça se fête !
Concert au Palais du Pharo le 16 mars 2024, dans le cadre de la saison Marseille Concerts 23-24
Un samedi soir passé au Pharo est toujours un bon samedi soir. Encore plus quand le Quatuor Modigliani y joue Schubert et Mendelssohn ! Avec Marseille Concerts, nous avions plein de questions à poser. Et on l'a fait :
5 minutes avec Le Quatuor Modigliani
MC : Merci pour ce soir. Parlez-nous un peu de vos instruments !
Loic Rio : Nous avons la chance de jouer de très beaux instruments Italiens qui nous sont prêtés. On a eu la chance de pouvoir les choisir, puis des mécènes nous ont suivi dans l'aventure et ont décidé de les acheter pour qu'on puisse les jouer.
François Kieffer : Amaury joue un Stradivarius de 1715 « Prince Léopold ». Loïc joue un instrument Guadagnini de 1780. Laurent joue un instrument de Mariani (1660), et moi un instrument de Matteo Goffriller de Venise, 1706.
MC : Qu’est ce que ça a changé dans votre façon de jouer ?
Amaury Coeytaux : Ça ouvre plus de possibilités de couleurs. Quand on est artiste, on essaie de toujours développer un imaginaire, de ce qu'on peut imaginer par rapport à l'esthétique d'une œuvre. Bénéficier d'instruments qui ont été joués par autant d'artistes, de musiciens auparavant, je pense qu'il y a des résonances, que les instruments ont parfois une certaine habitude que nous n'aurions pas forcément imaginée de par notre jeu et qui se révèle parfois possible. Ça nous aide à se développer, et aiguise un peu notre curiosité.
François Kieffer : Je crois que chaque instrumentiste a son son, sa personnalité. Après, c'est exactement ce que dit Amaury, il peut y avoir une patine, un timbre qui va être différent. On a notre ADN mais on peut aller encore plus loin dans dans certaines couleurs.
Quand on voit le programme de ce soir, ou d'autres programmes, on voit que les compositeurs sont allés au bout d'eux mêmes avec leurs idées, leur création, voire même leurs cris de douleur. Ils l'ont fait à travers leur art, à travers leur musique... Et c'est quelque chose qui est complètement excessif quelque part. Ces instruments là nous donnent ces possibilités. Un panel de couleurs, la descente des nuances ou l'inverse, avec les climax, tout le spectre est beaucoup plus large ! On peut atteindre, ou en tout cas essayer d'atteindre ces idées.
MC : Les archets sont-ils des archets contemporains ?
François Kieffer : Les deux : on a des archets anciens et contemporains.
MC : Vous avez l'historique de vos instruments ? Qui les a joués auparavant ?
François Kieffer : On sait par exemple pour l’alto qu'il a été joué pendant toute une carrière par l’altiste du Quatuor de Tokyo. Donc il y a beaucoup de disques où cet alto figure. Moi je sais que ce violoncelle était avant aux Etats-Unis. Il était dans la collection Barbour. Dans cette collection, il y avait aussi le violoncelle « Duport », le Stradivarius qu’a joué Rostropovitch et l'alto « Macdonald » de Stradivarius, qu’a joué après Peter Schidlof.
Amaury Coeytaux : L'histoire du mien est un petit peu différente parce que justement, ce prince Léopold, il a été commandé par ce prince en Saxe et il est resté très longtemps dans les familles princières. Il a été suspendu un petit peu avant la Seconde Guerre mondiale. Il a été saisi par l'Allemagne de l'Est en 1946 et restitué en 1989 juste avant la chute du mur. Donc finalement il y a eu un violoniste juste avant moi qui a joué l'instrument de façon constante. Mais il a été peu joué de façon professionnelle avant.
Loic Rio : Le mien on ne sait pas grand-chose. Il est beau, et il est complet ! Parfois les luthiers essaient de garder le secret sur l'historique des instruments, pour garder une sorte d'anonymat.
MC : Vous fêtez vos vingt ans. Félicitations ! C'est quoi le programme pour les vingt prochaines années ?
François Kieffer : Il y a un gros programme qui nous attend. Après notre notre intégrale Schubert, nous nous lançons dans un grand projet Beethoven sur plusieurs années. C’est qu’après la maturité, c'est une cure de joie en ce moment !
Concernant les projets (en tout cas d'envergure), on reste dans la transmission. On s’occupe du concours de Quatuor de Bordeaux et nous allons avoir la prochaine édition du concours l'année prochaine.
MC : Et vos morceaux préférés du répertoire ?
Amaury Coeytaux : On nous a posé cette question tout à l'heure au Conservatoire (pendant la médiation). C'est assez compliqué de répondre. Ce qu’on a expliqué tout à l'heure, c'est que d'une certaine manière, quand on a une œuvre sur notre pupitre, on essaie de se l'approprier. Et à ce moment là, c'est peut-être une de nos œuvres préférées. On a la chance d'avoir un répertoire qui est tellement inouï !
On répétait, il y a deux jours, et on relisait le Quinzième Quatuor de Schubert : on se redisait à quel point c'était une musique complètement exceptionnelle. Quand on a la chance de jouer le Quatuor Ravel, on essaie de retrouver la fraîcheur de ce compositeur. Je ne suis pas sûr qu'on ait une œuvre vraiment préférée. Mais on a en tout cas la chance d'avoir un répertoire exceptionnel et infini.
MC : Et donc, la dernière question. Marseille, qu'est ce que vous en pensez ? Plus belle ville de France? (La réponse est oui).
Amaury Coeytaux : La réponse est oui ! On est arrivés à la gare, on voulait visiter, mais on est allés à l’école pour la médiation. Donc on n'a pas vu grand chose mais la vue depuis la loge…
Loic Rio : Ah oui, c'est la loge avec la plus belle vue de l'année !
François Kieffer : Il y a une lumière extraordinaire dans cette ville.
Amaury Coeytaux : Il est content lui, il vient de Limoges !
François Kieffer : Maintenant on va retrouver la grisaille ...
Merci beaucoup d'avoir passé ce moment avec nous. Revenez voir nos loges quand vous le voulez !